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Solidarité et compassion avec les professeur·es.

Le vendredi 13 octobre, une attaque meurtrière et effroyable a eu lieu dans le lycée Gambetta à Arras. Un jeune homme de 20 ans à peine, armé d’un couteau, faisait irruption devant l’établissement qu’il avait lui-même fréquenté, pour s’en prendre au personnel encadrant et aux élèves de l’établissement. En tentant de s’interposer à ce passage à l’acte, plusieurs personnes ont été blessées et un professeur a trouvé la mort. Cet acte horrible a plongé notre municipalité, comme l’ensemble du pays, dans l’effroi, la tristesse et l’émotion. L’homme qui a été assassiné s’appelait Dominique Bernard, il enseignait le français au collège. Il était ciblé par l’assaillant d’abord parce qu’il s’est interposé pour protéger les élèves de la cité scolaire, mais aussi, parce que le métier qu’il exerçait était visé. Nous souhaitons lui rendre hommage et exprimer toute notre solidarité aux communautés éducatives d’Ivry et d’ailleurs que nous savons meurtris par ce drame.

Cet acte barbare a été perpétré peu de temps avant le troisième anniversaire du meurtre de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie assassiné le 16 octobre 2020 près du collège où il enseignait à Conflans-Sainte-Honorine. Une fois de plus, l’école est la cible d’un attentat terroriste d’une violence aveugle. Les enseignant·es du premier comme du second degré sont au premier rang des difficultés de notre société et des violences qu’elle génère. Il y a moins d’un an, le 22 février 2023, Agnès Lasalle, une professeure d’espagnol d’un lycée de Saint-Jean-de-Luz, était poignardée à mort par un de ses élèves atteint de trouble psychiatrique. Comment expliquer que celles et ceux qui apprennent aux élèves à faire société puissent se retrouver en danger de mort sur leur lieu de travail ?

Fermement attachés aux valeurs de vivre-ensemble et de tolérance que véhicule l’école, nous dénonçons avec force ceux qui tentent de se servir d’un tel événement pour distiller la haine et la division dans notre société. En agitant les peurs et en créant des amalgames, ils ne font qu’engendrer d’autres violences, physiques comme symboliques. Depuis plusieurs années, nous assistons à une augmentation des actes et discours islamophobes qui font leur nid sur ces dangereux amalgames. Ce sont souvent les mêmes prêcheurs de haine qui contribuent à mettre des cibles dans le dos des enseignants et à organiser des pressions en pour imposer une mise au pas idéologique. Depuis la rentrée, plusieurs professeur·es s’inquiétaient d’une pression croissante de l’extrême droite et de groupes de parents sur leurs enseignements allant jusqu’aux menaces de mort. L’un de ces groupes est l’association « Parents Vigilants », association émanant directement du parti d’Eric Zemmour et encourageant des véritables campagnes de haines en direction des enseignant·es.   

Face à cette montée des haines qui traverse la société et touche durement les établissements scolaires, un énième serrage de vis sécuritaire ne peut que sembler superflu voire hors de propos. Depuis trop longtemps, les communautés éducatives expriment leur sentiment d’abandon. Dans de nombreux discours, on leur impose le statut de « hussards de la république », les livrant seuls et démunis face aux difficultés qui traversent notre société. Ce n’est pas d’une armée dont nous avons besoin, mais d’une école qui puisse permettre l’émancipation et la formation de générations de citoyen·nes ouvert·es et tolérant·es qui feront la société de demain. Pour y arriver, l’Etat doit mettre les moyens, il faut plus d’enseignant·es, de classes, des établissements fonctionnels et en bon état, des AESH, des psychologues scolaires etc… Tant de choses que le personnel de l’éducation nationale réclame depuis des années sans obtenir gain de cause. Comme celui de Conflans-Sainte-Honorine, l’attentat d’Arras nous rappelle à tou·tes le rôle crucial de l’école dans notre société. Alors, plus que jamais, il conviendrait que la politique de notre pays s’applique à soutenir concrètement nos professeur·es et à renforcer l’école pour qu’elle soit un lieu d’émancipation, d’apaisement, de vivre-ensemble et de formation.

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