Travailler plus pour gagner moins ? C’est non !
En 2019, le président Emmanuel Macron lui-même déclarait « hypocrite » le fait de « décaler l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans sans avoir réglé le problème du chômage ». Et pourtant, c’est ce même président qui, avec la première ministre Elisabeth Borne, présente aujourd’hui une réforme qui vise principalement à … reporter l’âge légal de départ à 64 ans !
Une réforme qui s’attaque aux premier·e·s de corvées.
Le report de l’âge légal du départ en retraite à 64 ans est une mesure particulièrement injuste au vu des inégalités d’espérances de vie qui sont enregistrées en fonction du niveau de vie, du travail ou des diplômes. Aujourd’hui, les 20% les plus pauvres ont une retraite inférieure en moyenne de 7 ans à celle des 20% les plus riches. Avec cette réforme, c’est environ 9000 personnes supplémentaires chaque année qui mourraient sans retraite. Les personnes exerçant les métiers les plus pénibles seraient les grandes perdantes de cette réforme : 20% des ouvrier·e·s et 21% des agriculteurs·trices connaissent déjà une incapacité dans leur première année de retraite contre seulement 12% des cadres. Enfin, alors que l’inflation écrase déjà beaucoup de foyers, et notamment, les retraités, le Conseil d’Orientation des retraites estime que si la reforme est adoptée le pouvoir d’achat des retraités pourrait à terme baisser de 20% par rapport à celui des actifs.
Économiser sur l’intérêt général pour donner aux plus riches.
Selon le gouvernement, le système des retraites serait financièrement en danger. C’est faux ! En 2021, il affichait un excédent budgétaire de 900 millions et 3,2 milliards d’euros en 2022. Alors pourquoi chercher à faire des économies sur les retraites ? Nous le savons, la politique que mène aujourd’hui Emmanuel Macron n’est pas novatrice, elle s’inscrit pleinement dans la voie libérale empruntée depuis une vingtaine d’années. C’est cette même politique qui est à l’origine de la loi des 1607h contre laquelle nous nous sommes battus, ou encore la disparition progressive des dotations aux communes. Ce sont autant d’économies imposées au détriment de la qualité du service public, donc, au détriment de l’intérêt général. Pourtant, dans le même temps, le gouvernement donne plus de 150 milliards d’aides publiques aux entreprises sans aucune contrepartie sociale et environnementale. Ces mêmes entreprises qui ont enregistré des profits record ces dernières années, alors que les moyens des services publics diminuent chaque année. Une fois de plus, la reforme que propose le gouvernement, clarifie sa politique. Elle contribue à dégrader la qualité de vie du plus grand nombre pendant que quelques-uns continuent de s’enrichir.
Un autre modèle est possible.
D’abord, le déficit à prévoir d’ici 2030, de l’ordre de 13 milliards d’euros dans les années à venir, ne constitue qu’une légère partie du budget total des caisses de retraite s’élevant à 300 milliards d’euros. Les financements pourraient aussi être trouvés ailleurs. Nous pourrions renforcer la lutte contre la fraude fiscale qui chaque année nous coûte jusqu’à 100 milliards d’euros et la réinstauration l’impôt de solidarité sur la fortune rapporterait au bas mot 10 milliards d’euros. Enfin, l’augmentation des salaires et du taux de cotisation accompagné d’une application stricte de l’égalité salariale entre les hommes et les femmes permettraient aussi de financer les retraites. La seule réforme des retraites souhaitable devrait être une réforme permettant de travailler moins, de travailler mieux, et de travailler toutes et tous.
Contre la réforme des retraites : tous uni·e·s !
Nous, Ensemble pour Ivry, nous opposons fermement au projet Macron-Borne sur les retraites et au report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Nous dénonçons cette réforme brutale et injuste particulièrement envers les catégories populaires. Nous soutenons les grèves et les actions syndicales qui s’inscrivent dans le mouvement d’opposition à cette réforme. Nous appelons à la mobilisation générale pour que le gouvernement entende la volonté du plus grand nombre, car la majorité des français·e·s s’oppose à la retraite à 64 ans.