Quelle politique régionale d’aménagement pour 2040 ?

Le 12 juillet 2023, la droite régionale a voté la proposition de SDRIF-E. Une proposition loin d’être à la hauteur des enjeux sociaux et économiques qui traversent nos territoires. 

Le SDRIF (schéma directeur de la région Île-de-France) est un document qui doit déterminer la politique d’aménagement et d’investissement régionale pour l’horizon 2040. Il doit s’imposer à l’ensemble des documents d’urbanisme des intercommunalités et des communes. C’est à partir de ce document que devraient être proposés les moyens de protection et valeurs de l’environnement et de correction des inégalités sociales, spatiales et économique de la région, le développement de nouvelles infrastructures de transports, de grands équipements et des politiques d’urbanisation. Ce document concerne pleinement notre ville, que ce soit sur l’impact qu’il aura sur la politique municipale de développement urbain où sur les grands projets de transports et d’équipements qui l’accompagnent. Alors que ce document devrait constituer une base pour définir une politique visant à la réduire les inégalités sociales, économiques et spatiales, accélérer la lutte contre le réchauffement climatique et l’adaptation au dérèglement climatique, il n’est pas à la hauteur de ces enjeux. La préfecture de région elle-même a demandé à ce qu’il soit réécrit pour correspondre aux ambitions qu’il doit porter.

Plutôt que de proposer un projet ambitieux pour la région, Valérie Pécresse préfère saisir cette opportunité pour mettre en place une politique anti-logement social. En effet, l’une des mesures phares proposées dans ce document, est un « dispositif anti-ghetto » qui consisterait à limiter la production de logements sociaux dans les communes qui en comptent déjà 30 %. Cette mesure contraire à la loi risquerait d’aggraver les inégalités ! En effet, nous comptons déjà plus de 760 000 demandeurs de logement social en région francilienne et au rythme actuel, il faudrait plus de 20 ans pour résorber le nombre de demandes de logement social !Appliquée, cette mesure menacerait la construction d’un logement sur cinq et aurait pour conséquence, selon l’Etat, d’en réduire la production de 21%. Encore plus grave, Valérie Pécresse ne se contente pas seulement de fermer les yeux sur la crise du logement et le nombre massif de demandeurs, elle le justifie par l’amalgame et la stigmatisation. Questionnée le 12 juillet sur cette clause, elle déclarait que cela permettrait d’ « éviter le communautarisme et l’islamisme ». Cette déclaration est une offense pour les habitant·es de logement social (qui dans notre ville représente environ le tiers de la population) et participe au climat islamophobe dont sont victimes nos concitoyens musulman·nes. À contrario, rien n’est mis en place pour que les villes « ghettos de riches », qui ne comptent pas suffisamment de logement social soient contraintes d’en produire et de garantir le droit au logement pour tou·te·s.

Si le texte a été adopté le 12 juillet dans une version arrêté, il sera soumis à une enquête publique au début de l’année 2024 au cours de laquelle les franciliens pourront s’exprimer sur ses dispositions et sera remis au vote à l’été. Ce sera l’occasion de donner de la voix pour exiger des réponses à la hauteur de la crise sociale et écologique que nous traversons. C’est un travail que nous avons déjà commencé à Ivry, notamment grâce à la mobilisation porté par l’association la Grande 10 pour le prolongement du métro 10 jusqu’à Gambetta qui a pu être intégré à ce schéma directeur. Il nous faut défendre les moyens de nos ambitions municipales, car avec  la avec la clause présentée par madame Pécresse, l’objectif de 40% de logements sociaux sur les projets immobiliers serait compromis. Il faut aussi et surtout nous battre pour que le SDRIF puisse servir par exemple à lancer un plan de rénovation thermique ou de nouveaux équipements permettant de répondre au développement démographique de notre territoire. Ne laissons pas la droite régionale décider seule d’une politique qui ne serait pas à la hauteur des besoins de nos territoires.

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