Parcoursup : cas d’école des inégalités !

Le jeudi 1er juin, le couperet de Parcoursup est tombé ! « Vœu refusé », « en attente » et « accepté », ce sont les formules qui hantent maintenant chaque année les bacheliers en attente d’affectation dans une filière post-bac. Pour certain·es ces résultats sont synonymes de joie, et pour d’autres, c’est la déception voire la colère qui domine. Les jeunes dont les vœux seront refusés, se verront avoir le choix entre des formations privées, le chômage, ou la précarité. Plutôt que de permettre à tou·tes d’accéder aux filières de leur choix, le gouvernement décide de mettre les jeunes en concurrence sur la plateforme de sélection Parcoursup. La société du « chacun pour soi », l’individualisme, sont-ce là les valeurs que nous voulons transmettre aux générations futures ? Voulons-nous pour eux d’une société ou les jeunes comptent sur le « sort » pour assurer leur avenir comme dans Hunger Games ?

Parcoursup est une plateforme instaurée en 2018, au fonctionnement opaque, faite pour sélectionner les jeunes aux portes de l’enseignement supérieur. Les élèves doivent se vendre, c’est un modèle entrepreneurial qui organise une pénurie de places, le tri et donc les inégalités. Cette politique inégalitaire est le résultat du démantèlement de l’école publique, un processus accéléré par les réformes de l’ancien ministre Jean-Michel Blanquer. Depuis 2019, avec la suppression des filières, nos enfants doivent choisir des spécialités qui conditionneront leur futur dès la classe de seconde. Un choix cruel lorsque l’on sait qu’elles sont cruciales dans les critères de sélections pour Parcoursup. Tou·tes ne partent pas avec les mêmes moyens et facilités : situation sociale de la famille, académie, lycée sont autant de variables qui conditionnent la qualité des conditions d’enseignement donc de la réussite scolaire. La récente proposition de réforme du bac pro visant à faire travailler plus jeunes les élèves de ces filières et à réduire les heures d’enseignements généraux donc la qualité du diplôme professionnel s’inscrit dans la même dynamique. L’école n’est pas considérée comme un outil d’émancipation et de formation des citoyen·nes à venir, mais comme un outil d’assignation sociale. 

L’année dernière, 22,4 % des néo bachelier·es n’ont pas trouvé de place sur la plateforme. Près de 85 000 d’entre elles·eux avaient déjà quitté la plateforme sans aucune formation et plus de 260 000 se disaient insatisfaits des propositions formulées. Remettre son avenir dans les mains d’une machine de tri social, voilà ce que signifie Parcoursup pour beaucoup. De plus, la formule du bac “à la carte” instaurée par Blanquer a laissé se reproduire les pires inégalités sociales et de genre. La part des femmes dans les filières scientifiques est redescendue au niveau de l’année 1990 après 30 années d’efforts, et les élèves des classes populaires sont concentrés dans un nombre de spécialités toujours plus réduites.

Malgré l’engagement des équipes pédagogique de leurs établissements, les lycéens de notre territoire n’échappent pas à la violence sociale réservée aux jeunes issus des lycées de banlieue et des villes populaires. Nous ne voulons plus laisser les enfants se faire broyer par un système de sélection : Parcoursup et les lois Blanquer doivent être abrogés. Il nous faut repenser l’orientation, en concertation avec les acteurs de l’éducation et les jeunes pour permettre une formation émancipatrice et porteuse d’avenir. En attendant, nous restons mobilisés pour que le collège Gisèle Halimi soit classé en Réseau d’Education Prioritaire* pour obtenir des moyens à la hauteur des besoins des jeunes de notre territoire en matière de conditions d’enseignement. A Ivry, nous sommes fier·es de pouvoir dire que la ville se mobilise auprès de la communauté scolaire pour garantir l’égalité des droits d’accès à l’éducation et les meilleures conditions d’enseignement possible. Le point d’information jeunesse est aussi ouvert pour accueillir et accompagner les jeunes dans leur projet d’orientation scolaire et professionnelle.

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