Révoltes urbaines : il faut des réponses politiques !
Le 27 juin, nous découvrions la mort de Nahel, un jeune de 17 ans, tué par le tir à bout portant d’un policier à Nanterre. Un extrait vidéo devenu viral, en France et ailleurs montrait sans ambiguïté, un policier tuant à bout portant le jeune homme. Les expressions de l’indignation, de revendications de justice et de colère ont été nombreuses et diverses. Parmi les indignés, de nombreux jeunes issus de quartiers populaires, dans tout le pays, ont pris part à des scènes de révoltes urbaines avec des dégradations de bâtiments publics, de caméra de surveillance ou encore des pillages de magasins. Si ces exactions sont l’expression d’une colère légitime, elles sont inacceptables, parce qu’elles ont visé des services publics et des commerces de proximité dont les habitants ont l’usage.
Face à cette situation, le gouvernement s’est livré à une surenchère sécuritaire et violente. Interdire des manifestations, menacer de couper l’accès à certains réseaux sociaux, prononcer des peines de prison ferme pour des vols de cannettes ou encore faire porter la responsabilité de cette situation aux parents ne vont pas dans le sens du nécessaire apaisement. De plus, la négation de la dimension politique de ces révoltes n’est l’expression que d’une déresponsabilisation de l’Etat, dont nous ne pouvons être satisfaits. Ce qu’il s’est passé est politique et appelle à des réponses politiques du Gouvernement.
Un retour à la normale ?
À plusieurs reprises, la fin des violences urbaines a été présentée comme un « retour à la normale ». Comment peut-on parler de situation normale lorsque nous constatons que le rapport entre la police et la population, particulièrement la jeunesse des quartiers populaires, ne cesse de se dégrader ? Car oui, la mort de Nahel cristallise les problématiques de violences policières et de racisme dans l’institution. Et pourtant, aucune mesure n’a été prise contre les phénomènes de racisme et de violences qui en découlent dans la police. Pire, les semaines qui ont suivi, de nombreux jeunes ont été éborgnés ou passés à tabac (un homme de 27 ans est mort suite à un tir de LBD à Marseille). L’absence de condamnation du ministre de l’Intérieur quant aux prises de positions de responsables de l’institution policière critiquant l’absence de traitement d’exception pour les agents accusés d’avoir grièvement blessé Hedi R., un jeune homme de 22 ans, à Marseille (amputé d’une partie de son crâne) se révèle inquiétante sur la fragilité de la séparation des pouvoirs dans notre République.
Cette crise constitue aussi une alerte sur les difficultés sociales rencontrées par les habitants des quartiers populaires. Comment ne pas voir dans les scènes de pillage de supermarchés, l’expression de la dégradation du niveau de vie et de l’inflation record que nous connaissons depuis près d’un an ? On ne peut pas parler de situation normale lorsque l’on connait les inégalités qui touchent en particulier les habitants de ces quartiers que ce soit en matière d’accès à l’emploi, à l’éducation, au transport, au logement et aux services publics. Nos quartiers ne sont pas « des territoires perdus de la République », comme certains s’emploieraient à le dire pour les stigmatiser, ils sont des territoires exclus, et ce, malgré les multiples alertes d’élus locaux et d’acteurs associatifs.
Quelles réponses ?
Ce qu’il s’est passé est révélateur de problématiques profondes. Celle du racisme et des violences policière et celle de l’abandon des quartiers populaires et de l’inégalité dont ils sont victimes.
Si les violences urbaines se sont arrêtées, des réponses doivent être proposées face aux causes profondes de la colère. Il faut réformer la police et en bannir les pratiques violentes et racistes. Les droits élémentaires à l’éducation, à la santé, au logement, au transport, au sport, à la culture et à l’emploi doivent être une réalité garantie par l’État et ses gouvernants. Et surtout, parce que les services publics sont les premiers vecteurs d’égalité et de justice de notre pays, donnons à nos collectivités les moyens pour les faire vivre. C’est cela qui devrait être la situation normale !